
Géraldine, une habitante d’Hennebont (Morbihan) de 74 ans, partage sa maison pendant neuf mois avec Léonie, une jeune femme de 21 ans originaire de la région de Dijon, dans le cadre du dispositif 1 Toit 2 Générations. | OUEST-FRANCE
" Je vais trouver la maison un peu grande quand elle partira." Plus d’un demi-siècle les sépare, mais Géraldine, 74 ans, et Léonie, 21 ans, ont appris rapidement à s’apprécier. Depuis sept mois, la septuagénaire héberge chez elle, à Hennebont (Morbihan), la jeune Dijonnaise (Côte-d’Or) venue effectuer un service civique dans le pays de Lorient. Une drôle de colocation rendue possible par le dispositif 1 Toit 2 Générations porté par l’association Info Jeunes Lorient.
L’histoire remonte à 2008. À l’époque, le CCAS de Lanester joue les pionniers en reprenant localement un dispositif créé un peu plus tôt à l’échelle nationale dans la foulée de la terrible canicule estivale de 2003. Un épisode marquant, à l’origine du décès de plusieurs milliers de personnes âgées. " Il y avait une volonté de les sortir de l’isolement ", rappelle Audrey Le Bolay, coordinatrice du dispositif dans le Morbihan.
Solitude
Au fil des années et du durcissement du marché immobilier, la logique s’est un peu inversée, faisant de l’accès au logement pour les jeunes une question centrale. Au décès de son époux, en 2023, Géraldine comprend rapidement qu’elle n’a " pas envie d’être seule ". Et elle trouve dommage de laisser l’étage de son habitation de 140 m² " aux araignées ", plaisante-t-elle.
De son côté, Léonie, qui n’a aucune attache en Bretagne, et pas forcément envie de prendre une chambre dans un foyer de jeunes travailleurs, se dit que " ça peut être sympa ". En quelques jours, les deux femmes sont mises en relation par l’association, puis signent un " contrat sur mesure " pour définir les modalités de leur " cohabitation intergénérationnelle solidaire ". Il s’agit bien souvent de partager des repas, des moments de convivialité, voire pour le jeune d’assurer des petits services ponctuels. " C’est du dépannage, en aucun cas il ne s’agit d’un travail qui remplacerait une aide à domicile, par exemple ", précise Audrey Le Bolay.
Pas une contrainte
Le jeune, âgé entre 18 et 30 ans, et qui doit se trouver " en parcours d’insertion " (études, stage, emploi, etc.), verse une sorte de loyer mensuel de 100 € ou 200 € selon le niveau d’engagement choisi. " C’est assez souple, on ne le vit pas comme une contrainte ", assure Léonie. Avec Géraldine, les deux coloc’ se font parfois des sorties le week-end pour découvrir le territoire. Discutent aussi, notamment de l’actualité. " Nous ne sommes pas toujours d’accord, c’est ce qui est intéressant ", sourit la septuagénaire, qui a appris à prendre sur elle pour ne pas imposer " toutes mes petites manies ". " Je ne veux pas de verre ou de couteaux dans le lave-vaisselle ", donne-t-elle en exemple. La jeune fille s’en amuse mais s’y plie de bonne grâce.
Géraldine, une habitante d’Hennebont (Morbihan) de 74 ans, partage sa maison pendant neuf mois avec Léonie, une jeune femme de 21 ans originaire de la région de Dijon, dans le cadre du dispositif 1 Toit 2 Générations. | OUEST-FRANCE
En 2024, 50 binômes comme le leur ont été créés dans le Morbihan. Plus de 400 depuis le lancement en 2008. " Nous espérons atteindre les 60 l’an prochain ", indique Audrey Le Bolay. Pour y parvenir, Info Jeunes Lorient tente de séduire de nouvelles collectivités à s’engager à ses côtés. Elles sont une quinzaine actuellement, principalement dans le pays de Lorient. Le profil des hébergeurs a aussi été assoupli, puisqu’il est possible de le devenir dès 50 ans. Les locataires de logements sociaux peuvent aussi s’inscrire.
Géraldine, convaincue par le dispositif, est prête à accueillir une remplaçante (voire un remplaçant) à Léonie, qui partira cet été. " J’espère que nous garderons des liens ", disent les deux femmes, qui décrivent leur relation ainsi : " C’est plus qu’une colocation, il y a un côté amical, et même affectif ".
Lien vers l’article : https://www.ouest-france.fr/societe/seniors/jespere-que-nous-garderons-des-liens-geraldine-et-leonie-53-ans-decart-sont-colocataires-630cb860-25c4-11f0-8bd9-2e665ca4169a